La jeune fille et la mort

Publié le par La Revue Anima

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Curieux d’évoquer une jeune fille, et non pas un enfant, tout simplement.

 

Quelle autre stupeur invoquer, en effet, que celle de l’innocence gommée par la Gravité, gravité que pas même une vieille vie ne parvient à déborder ?

 

Pourquoi restreindre à la jeune fille ? Sinon pour en pleurer la vaine beauté, et cette douceur qui ne profitera à personne ?

Quand même…

 

Par une précocité parfois, la jeune fille ne peut-elle pas se hausser hors de la vulnérable, de la fragile jeunesse ? Une jeune fille ?

Ou alors, pour un bonheur retiré avant d’être offert ? Pour ce qu’elle aurait dû devenir ?

Certes, mais aussi… dommage.

 

Que d’élans généreux pourtant dans le garçon ; que de confiance instante aussi, sans précaution aucune, et que tout autant prendrait la mort, comme en traîtrise. Le garçon porte un enthousiasme au monde, lui rend, à lui seul, toute sa jeunesse, et ses promesses. Il foule de nouveaux plis les tentures promises en héritage. Il s’engage sans finesse, mais non sans immensité.

 

La jeune fille et la mort : n’est-ce pas là déjà cette emprise des sens en sourdine ? en écho d’une silhouette déjà apprêtée ? Un féminin pur, simplement parce qu’elle reste dans son ébauche vive… Voilà une force intime, un élan secret et généreux, la matrice de tout un monde qui, par la mort, se met à part du monde, et de sa genèse compliquée ? C’est un rêve intime du poète, du peintre solitaire, qui s’écroule, à s’atténuer au simple souvenir, et qui s’élance en même temps dans une perfection hors de portée, gravée jusqu’au granit.

 

Arnaud Dhermy

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