Dessiner la vieillesse

Publié le par La Revue Anima


 

Etonnante Bande Dessinée. Il y a d’abord eu les comics américains émaillés de AAAAAAAAAhhhhhh ! et de Punchhhhh ! Les super héros y étaient imprimés sur un papier plutôt sale et faisaient la joie des enfants. A peu près à la même époque Tintin est arrivé. Ineffable Tintin. Mais Tintin, nullement exempt des travers humains, n’a pas toujours fait le bien qu’il voulait (Rom 7,14-25)…De pâles épigones l’ont parfois suivi.

 

On a vu fleurir des BD bavardes, sans surprise, répétitives. Pire, on a sentit que les auteurs avaient honte de l’image. Ils se croyaient obligés de la barbouiller de texte, pour se dédouaner.

Des séries dont le principe était essentiellement d’ordre marketing ont étalé leurs sempiternelles 58 pages (dans les librairies) dans les supermarchés. Il faut rendre à tout seigneur tout honneur, certaines m’ont permis d’échapper au va et vient entre les fruits, le sRabate.JPGurgelé et la boucherie derrière le caddy maternel. J’allais m’asseoir sur le carrelage beige, les jambes repliées sous une de ces BD. Aria pour un plein de semaine ; Le petit Spirou pour des achats destinés à la caisse "moins de 10 articles".

Or, le supermarché n’est pas tout ! Il y a aussi les bibliothèques municipales. On y trouve de très belles collections de BD. Occasion rêvée pour sortir du standard.

J’en viens à ma découverte. Il s’agit d’un album, sorti voici bientôt deux ans : Les Petits ruisseaux.

 

L’auteur-dessinateur-coloriste, Pascal Rabaté, y raconte la vie de Pierre, un retraité qui partage son temps entre la pèche, le bistrot, la solitude et probablement le ressassement des souvenirs. Drôle de sujet à dessiner. Quand le décor est planté dans la ruralité française, on se demande comment tout va finir. Un vieillissement peut-il en annuler un autre ? Aura-t-on droit à un plaidoyer en faveur du ressourcement campagnard ? Ou à une leçon de confucianisme à la française : les vieux sont respectables, ne l’oublions pas ?

 

Rabaté surfe élégamment sur tout cela et en profite pour faire un tour chez les habitués du bistrot, chez les hippies convertis à la verdure. On est loin des maisons de retraites et de leurs vaporisateurs d’odeur. Au passage, on remarque l’originalité des prises de vues, parfois inspirées par le cinéma. Vues d’en-dessous, vues d’au-dessus, ça change du plan américain.

A regarder donc et à lire !

 

Thomas Mercier

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